Aller au contenu principal
jeu. 13 mars sam. 19 avril

Exposition

Organisateur : La Cour des Arts
Vitrine Le Point G - Place Mgr berteaud, 19000 Tulle
Partager

Christophe Crénel, électron libre de la planète musique, est journaliste, photographe et réalisateur. Depuis plus de 20 ans, il partage sa passion en télé, en presse ou en radio, de France Inter à Oüi FM, et il immortalise des instants uniques à travers ses photos et vidéos. Réputé pour ses pochettes de disques et ses biographies d’artistes, il a signé 2 livres dans lesquels il allie une plume incisive à une approche visuelle vivante et poétique.
Son exposition au Point G de la Cour des Arts de Tulle (du 13 mars au 19 avril 2025) mettra en lumière son regard singulier. Le vernissage aura lieu le samedi 5 avril.
Le 2 avril, il animera également un atelier avec pour but d’aider les musiciens en voie de professionnalisation à donner de la visibilité à leurs projets, en travaillant sur la constitution d’un kit promo qui permette d’exprimer leur singularité par des mots et des images.

Interview

Tu mentionnes une potentielle suite à ton livre Big Bang. Qu’est-ce qui t’attire dans cette nouvelle direction plus abstraite, pop art ou impressionniste ?
Big Bang résumait 10 ans de photos sur la scène musicale francophone. J’avais envie que ces images puissent contribuer à rendre iconiques les visages de cette nouvelle génération apparue, dans une période où un artiste en chasse un autre, avec des consommateurs de musique en ligne qui écoutent parfois des titres sur Youtube, Deezer ou Spotify sans même savoir qui les chante. Donc, la moindre des choses était d’avoir des photos suffisamment figuratives pour que l’on identifie ces nouveaux artistes qui prennent vie heureusement aussi en live. Aujourd’hui, j’ai envie de ne pas me répéter. Il y aura peut-être un Big Bang 2, mais plus sûrement des photos plus abstraites pour donner une lecture différente du monde de la musique, quelque chose de plus pictural. C’est mon pied de nez à la course au pixel et à la précision. Moi j’ai envie de flous, de mouvements et d’effets de surimpression. Abstract Pop ? Peut être une idée de titre pour un futur livre de photos.

Parmi les photos que tu as sélectionnées pour notre programme, laquelle représente le mieux ton univers actuel et pourquoi ?
J’aime bien celle de Phoenix (en couverture - NDLR). Le groupe jouait sur le toit du Terminal 1 de Roissy Charles de Gaulle pour l’anniversaire de l’aéroport, avec leurs copains versaillais de Air et Étienne de Crecy. Et il y avait une bâche suspendue au-dessus du groupe, comme un voile entre le ciel et terre. Les photographier dans ce reflet apporte une petite touche de mystère et un angle inédit sur leur prestation.

Ton regard sur la musique a évolué au fil des années. Comment cela influence-t-il ta pratique photographique aujourd’hui ?
Les contraintes sont énormes aujourd’hui pour les photographes de live avec des demandes de validation drastiques, pour ne pas dire surréalistes, de la part des managements d’artistes plus ou moins connus. L’importance de l’image et des réseaux a créé une forme de paranoïa sur les visuels qui peuvent circuler. Mais il reste pas mal de terrains de jeu. J’aime de toute façon aller dans les petites salles, les clubs où j’essaye de capter en toute liberté l’authenticité et l’énergie de jeunes talents.

Avec des projets aussi divers que la photo, l’écriture, et la réalisation, qu’est-ce qui te stimule le plus dans cette pluralité de médiums ?
Le fait d’être multiple, c’est un peu une obligation dans la période que l’on traverse. Aucun photographe de concert n’en vit, il lui faut d’autres jobs. Pour ce qui me concerne c’est une seconde nature. Quand je faisais de la musique avec mon groupe Amok, l’un des titres s’appelait « Infiniment multiple » (sourires). Je crois que j’ai cette forme de gourmandise qui pousse à goûter régulièrement de nouvelles saveurs ou de nouvelles disciplines. Le point commun à ces différentes activités, c’est bien sûr la musique et le frisson qu’elle me procure depuis l’adolescence.

Tu accompagnes souvent tes images d’un storytelling précis. Quelle place accordes-tu à la narration dans ton travail visuel ?
L’art contemporain aime ne pas s’étendre sur le storytelling. C’est à vous de vous faire une idée sur le sens de ce qui vous est montré, surtout quand c’est bien abscons (sourires). Chacun sa démarche, j’aime parfois donner quelques clés, c’est sans doute lié à mon parcours de journaliste, tout en apportant une touche de poésie ou d’humour. Comme un petit haïku pour pimenter la lecture de la photo.

Comment vois-tu l’évolution du rôle de la photographie dans le paysage musical contemporain ?
Devant la bousculade actuelle de sorties et de nouveaux projets, on a plus que jamais besoin d’images pour afficher une singularité qui donne envie d’écouter une musique plutôt qu’une autre. J’ai parlé des contraintes mais tout reste donc possible. Si vous avez de bonnes idées et l’envie de travailler avec un.e artiste, il suffit parfois d’envoyer un message, une bouteille à la mer sur les réseaux pour enclencher une collaboration. Des photos de presse ou de tournée, une pochette. Le grand public n’en saura peut-être rien mais vous aurez alors le bonheur de vous sentir un peu partie prenante d’une oeuvre.