Coccolite + Hyperactive Leslie + Emile Londonien
Le festival reprend sa place naturelle au cœur de l'hiver après une incursion estivale en 2021. On retrouve une nouvelle programmation magnétique et consolatoire pleine de croisements esthétiques et d'innovations.
Coccolite

En seulement trois ans, un EP et un premier album salué par la critique (“Echo”, 2020) le trio Coccolite s’est fait une place à part dans le paysage des groupes émergents. Chacun apportant sa pierre aux projets des deux autres, le claviériste Nicolas Derand, le bassiste Timothée Robert et le batteur Julien Sérié ont développé de longue date cette complicité rare qui fait la force des formations qui comptent. Sidemen parmi les plus en vue de la scène jazz française, ils s’y sont imposés comme des éléments essentiels avant de se réunir pour ce projet qu’ils ont voulu sans leader et qu’ils portent ensemble.
Dans l’univers hybride de Coccolite, le jazz se fond dans les grooves du hip-hop et dans les textures synthétiques des musiques électroniques. De cette rencontre de styles aux dimensions multiples et au potentiel sans limite, le trio a puisé un son d’un genre inouï, alliage à nul autre pareil ouvrant la voie vers de nouveaux territoires, aux confins des musiques improvisées et de la musique de film. Et si ces trois-là sont de redoutables instrumentistes, ce sont avant tout des conteurs, des metteurs en son d’histoires auxquelles donnent vie samples et arrangements finement ciselés, irrigués d’improvisations vertigineuses. Tour à tour dansante, spectaculaire et onirique mais toujours passionnante, la musique de Coccolite lève le voile sur le futur captivant du jazz instrumental.
Hyperactive Leslie

Et si, pour les musiciens du dancefloor, le moment était arrivé de reconquérir, sur scène, le geste instrumental ? Et si l’on pouvait faire rêver les auditeurs ou danser les foules, non plus à l’aide d’un ordinateur, un synthé ou une boîte à rythmes, mais à l’aide d’un instrument organique et vivant, obéissant aux gestes précis d’un musicien ? C’est l’ambition et l’inspiration de Hyperactive Leslie, le nouveau projet solo du percussionniste et batteur, Antonin Leymarie, dont le pseudonyme a pour origine la « cabine Leslie », une enceinte et un résonateur en forme de cube, qui apporte au mythique orgue Hammond, dont Antonin est fan, sa sonorité si chaleureuse et organique.
Le musicien français explore ici une forme singulière de musique ouverte et rythmique, à mi-chemin entre l’acoustique et l’électronique, inspirée à la fois par la techno minimale, le jazz, les musiques traditionnelles et par les percussions de l’Afrique de l’ouest.
« Avec ce nouveau projet musical » dit-il, « c’est comme si je devenais moi-même le séquenceur, comme si je remplaçais le cerveau de la boîte à rythmes ».
Plus prosaïquement, Antonin est aux commandes d’une batterie qu’il définit comme « augmentée », sur laquelle sont disposés des objets et des matières comme des petits bouts de métal ou de gomme, du Gaffer, de petites percussions cassées comme des karkabous d’Afrique du Nord, des tambourins ou même une vieille cithare, dont les cordes et la résonance apportent des harmoniques particulières. Ces objets, ainsi que certaines parties de l’instrument, sont par ailleurs équipés de micros dits « piézo» qui captent en direct son jeu de batterie. Ces micros transmettent le signal à travers différents procédés de transformation et de traitement du son (delay, filtre, réverb) ainsi qu’à travers un instrument nommé Pearl Syncussion, aux sonorités harmoniques et de basse, proches d’un synthétiseur modulaire. « Avec ce dispositif » continue-t-il, « j’obtiens un son plus mat que la batterie traditionnelle, moins résonnant, qui évoque directement celui de la techno minimale qui m’a beaucoup inspiré pour ce projet et dont j’admire des figures comme Robert Hood, Jeff Mills ou Richie Hawtin ».
Emile Londonien

Emile Londonien, quand Londres rencontre Strasbourg pour rendre hommage au broken beat,
à la house et au jazz, en mettant l’improvisation au service d’une expérience collective.
Ce trio qui prend racine dans le terreau fertile du label strasbourgeois Omezis, a déjà été approuvé
par Gilles Peterson, Lefto, et Andrew Jervis.